Tu manies très bien les boules toi !

Les soirées entre potes !   

   Ca fait quelques jours maintenant que je suis revenu à la maison. Quand je dis maison, je parle aussi bien de mon chez moi que de Seattle tout entier. Malgré le cadre idyllique de la vie à Sydney, ma ville d’adoption m’a beaucoup manqué. Et surtout les gens qui y vivent. Jack, Ella, Krystal, même Nina, malgré le fait que nous nous soyons quitté en pas très bons termes.  Avant mon départ, j’ai aussi rencontré des gens formidables, comme Dean, Alex, et même Maëllys. Malheureusement, je n’ai pas beaucoup de travail depuis mon retour. Seulement une maison à dessiner. « Budget illimité » avait dit les futurs propriétaires. Pensez bien que je m’en donne à cœur joie. Grâce à mes travaux sur la Smith Tower, je suis devenu un architecte à la réputation plutôt solide ici. Et je n’ai pas de projet sur mon bureau pour autant. Ce qu’il se passe en fait, c’est que tout le monde savait que j’étais parti en Australie, mais quasiment personne ne sait aujourd’hui que je suis revenu. Une fois les gens informés de mon retour, je ne doute pas que j’aurai du pain sur le planche, vu les demandes que j’ai dû rejeter avant mon départ. Une clientèle semble pointer le bout de son nez.

Mais ce manque de clientèle fait que je m’ennuie un peu, seul dans cette grande maison. D’ailleurs, depuis que Nina n’y vit plus, elle me semble bien vide cette demeure. Souhaitant à tout prix fuir l’ennui, pourquoi pas aller voir ce cher Alex O’Leary, cet irlandais bien plus que sympathique avec qui j’avais passé un moment inoubliable dans ce fameux pub irlandais. Il est environ 20h, et il n’y a rien à la TV ce soir, c’est l’occasion de sortir. Je décide d’attraper mes clés et d’aller directement à la rencontre de mon cher ami flic. Au départ, je voulais simplement aller boire un verre dans un bar. Autre qu’un irlandais bien sûr. Mais c’est en conduisant que l’idée me vient d’aller faire un bowling. J’espère juste qu’à cette heure-ci, je le trouverais encore au commissariat. Si ce n’est pas le cas, au pire j’ai son numéro de téléphone. Je trouve assez facilement une place où me garer à cette heure tardive. Rien ne dit que la chance m’aurait souri deux heures plus tôt. Je prends soin que ma Mercedes soit fermée à clé et je rentre dans le commissariat. Je me dirige vers l’accueil où je demande à voir Monsieur O’Leary.

   

Tu manies très bien les boules toi !

Les soirées entre potes !   

   Oulah ! Il me fait super peur O’Leary là ! On dirait qu’il est légèrement défoncé, comme si il avait coffré un dealer dans la journée, avait vidé ses poches et tout fumé ou sniffé dans les minutes suivantes. Il est remonté à bloc, et vous pouvez me croire, je sais très bien de quoi je parle. Cette merde, ça me connait. Mais en y réfléchissant bien, c’est finalement son état naturel de parler de kangourous sodomites ! Il est peut-être clean en fait. Toujours est-il que le p’tit ressemble à un jack russel enragé ! « Salut Monsieur j’suis tout-foufou-je-vais-bientôt-faire-une-overdose. Ça va bien, et mon anus aussi si tu veux tout savoir. Je n’ai pas rencontré de kangourou testostéroné. Sinon, ouais c’était cool ! Il fait toujours beau là-bas ! Et même quand il flotte, il fait beau ! La vie est tellement plus paisible à Sydney. Mais c’est un autre univers que les States. Mais bon, je vais pas tout te déballer maintenant, sinon c’est pas drôle. Allez prends ton manteau, on va s’faire une p’tite virée entre mâles dominants » !

Je lui fais donc un signe vers la porte, pour lui montrer qu’il faut qu’on s’en aille. D’ailleurs, c’est vraiment un grand soulagement de partir de cet endroit ! C’est vraiment glauque quand t’entends le charognard dans la cellule de dégrisement gueuler des obscénités après la jolie blonde de l’accueil. Y’aurait que moi, un p’tit coup de Taser et hop, bzzzzz, bzzzzz, au dodo l’ivrogne ! Enfin, ce n’est qu’une question de jugement hein. Je me dirige vers ma voiture, et je lui intime de monter avec moi. Il me regarde, regarde sa voiture, me regarde, comme si ça l’embêtait de laisser sa voiture sur le parking. Je le regarde droit dans les yeux et lui sors : « Tu crois vraiment qu’un mec serait assez con pour venir te piquer ta bagnole juste devant le nez des vigiles de ce commisariat… ? Sauf bien sûr si tu doutes de la propre sécurité du dit commissariat… Mais dans ce cas, je retourne en Australie où la police est plus rassurante ». Pour lui montrer que je le taquine, je lui assène un bon crochet du droit dans son épaule. Peut-être un peu trop fort le crochet d’ailleurs. « Bon, on y va » ?

Nous voilà en route vers notre destination, qu’il ne connaît toujours pas. Je réserve encore la p’tite surprise. En espérant que ça lui plaise… Parce que s’il ne sait pas jouer au bowling, ça serait moins drôle. Je gagnerai trop facilement… Je prends un dernier virage et nous voilà arrivé. « Voici notre programme de la soirée, ça te plaît » ?